Le sujet de l’IA générative suscite souvent des débats au sein des entreprises. Si certaines l’ont pleinement adoptée, d’autres restent réticentes, voire la refusent catégoriquement. Pour mieux comprendre cette perception dans le monde professionnel, le blog du modérateur (BDM) a mené une enquête en ligne, interrogeant 1 045 spécialistes issus de divers domaines tels que la communication, le marketing ou encore les médias sociaux. Découvrez dans cet article le résultat de cette enquête.
L’IA générative adoptée par la majorité des entreprises
Dans le secteur professionnel du numérique, les entreprises réticentes à utiliser l’intelligence artificielle générative restent une minorité. Seulement 10,3 % des professionnels interrogés déclarent travailler dans des entreprises qui déconseillent l’utilisation d’outils comme ChatGPT. À l’inverse, près de 60 % des organisations autorisent l’utilisation de ces technologies, et 30 % encouragent même leurs employés à expérimenter ces outils pour découvrir et exploiter leur potentiel.
Usage de l’IA par secteur
L’acceptation et l’encouragement à l’utilisation de l’IA générative en entreprise varient considérablement selon les secteurs d’activités :
- Secteur de l’acquisition : ce secteur est le plus favorable, avec 46,9 % des répondants affirmant que leur entreprise encourage activement l’utilisation de l’IA générative. Ce taux élevé peut s’expliquer par la capacité de l’IA à optimiser les stratégies d’acquisition.
- Médias sociaux et marketing : ces secteurs sont ceux qui déconseillent le moins l’usage de l’intelligence artificielle générative, seuls 6,8% et 6,2% la déconseille. Les professionnels de ces secteurs semblent percevoir l’IA générative comme un outil innovant pour automatiser et enrichir la création de contenu, ainsi que pour analyser les tendances et les comportements des utilisateurs.
- Commerce et enseignement : à l’opposé, ces secteurs montrent plus de réticence, avec 16,1 % et 16,9 % des professionnels indiquant que l’usage de l’IA générative est déconseillé dans leurs secteurs. Les préoccupations ici peuvent inclure la protection des données, la qualité de l’information et l’impact potentiel sur l’emploi.
Bien que l’utilisation de l’IA soit généralement acceptée ou encouragée en entreprise, près de la moitié des répondants (48,1 %) rapportent que l’IA générative est principalement utilisée de manière exploratoire. Par ailleurs, 40,9 % des entreprises sont au stade de l’application pratique, intégrant l’IA générative dans leurs processus de travail, tandis qu’une minorité (11 %) en fait un usage avancé, exploitant pleinement les outils pour maximiser ses bénéfices.
Perception positive de l’impact de l’IA sur le travail
Une perception positive générale se dégage des réponses des professionnels concernant l’impact futur de l’IA générative sur leurs métiers. Plus de 65 % des sondés estiment que cette technologie aura un effet positif ou très positif sur leur travail, tandis que 15,6 % craignent un impact négatif.
Les secteurs les plus optimistes sont, en premier lieu, le secteur de l’acquisition, où 72 % des professionnels prévoient un impact positif, faisant de ce secteur le plus confiant. Ensuite, dans le secteur du développement, 67,4 % des répondants partagent cet optimisme. L’IA générative leur permettrait notamment d’automatiser des tâches répétitives, d’accélérer les débogages et de faciliter le développement de nouvelles fonctionnalités. Enfin, 67,7% des community managers envisagent un avenir positif avec l’IA générative. Elle leur permettrait de gérer plus efficacement les interactions avec les communautés en ligne, de personnaliser les communications et d’analyser les tendances de manière plus précise.
À l’inverse, 21,4% des sondés dans le secteur du marketing craignent des impacts négatifs, notamment en termes de créativité et d’authenticité des contenus. Pour ce qui est des professionnels de la rédaction, 57,9 % des répondants se montrent les moins enclins à voir des aspects positifs dans l’IA générative et sont préoccupés par la qualité de l’écriture, la possibilité de plagiat et la perte de la touche humaine dans la création de contenu.
Les inquiétudes des professionnels vis-à-vis de l’IA générative
Malgré l’optimisme général, une majorité des professionnels (83,4 %) reste consciente des risques associés à l’IA générative et sont préoccupés par certains aspects négatifs de l’intelligence artificielle générative.
Les grandes préoccupations exprimées par les répondants
La baisse de la qualité de l’information
La principale inquiétude concerne la qualité de l’information, avec 48,5 % des répondants qui craignent une dégradation de l’information à cause de l’IA générative qui pourrait inventer des faits ou fournir des informations incorrectes ou incohérentes qui semblent plausibles mais qui en sont pas vérifiées. Le nouveau produit de Google “AI Overviews” constitue également une source d’inquiétude par les professionnels car les résumés générés par l’IA pour présenter des informations augmentent le risque d’erreurs ou de biais dans les informations.
Les utilisations malveillantes de l’IA générative
En deuxième position, on retrouve 47,5 % des professionnels qui s’inquiètent des utilisations potentielles de l’IA générative à des fins malveillantes, telles que la création de fake news ou de contenus trompeurs. Les fake news sont des informations délibérément fabriquées pour tromper les gens, souvent pour influencer l’opinion publique ou pour des gains politiques ou financiers. Les contenus trompeurs peuvent également inclure des informations qui semblent vraies mais qui sont en réalité incorrectes ou manipulées pour induire en erreur.
La confidentialité des données
43,6 % des répondants soulignent les risques pour la confidentialité des données, en raison de la manière dont les données sont collectées et traitées par les outils d’IA. Pour fonctionner efficacement, les outils d’IA nécessitent souvent de grandes quantités de données, y compris des informations personnelles. Les méthodes de collecte, de stockage, et de traitement de ces données peuvent présenter des risques de violation de la confidentialité si elles ne sont pas gérées correctement. Par exemple, il y a des risques que les données soient exposées à des pirates informatiques, utilisées à des fins non autorisées, ou partagées sans le consentement des utilisateurs.
L’atteinte aux droits d’auteur
36,2 % s’inquiètent des violations potentielles des droits d’auteur, une préoccupation particulièrement pertinente pour les créateurs de contenu. Les droits d’auteur protègent les œuvres originales, comme les textes, les images, les vidéos, etc., contre l’utilisation non autorisée par d’autres personnes. Néanmoins, avec l’IA générative pourrait utiliser des œuvres protégées sans autorisation pour générer de nouveaux contenus, ce qui constituerait une violation des droits d’auteur des créateurs originaux.
La dépendance technologique
35,7 % craignent que l’IA générative conduise à une dépendance excessive à la technologie, réduisant ainsi les compétences humaines essentielles. Cela signifie que les gens pourraient devenir trop dépendants de l’IA pour effectuer des tâches qu’ils faisaient auparavant eux-mêmes, ce qui pourrait entraîner une perte de savoir-faire, de créativité et d’autres compétences essentielles.
L’impact sur l’éducation
28,8 % des répondants mentionnent l’impact potentiel sur l’éducation, avec des craintes que l’IA puisse remplacer certains aspects de l’enseignement traditionnel. Par exemple, les répondants craignent que les outils d’IA soient utilisés pour remplacer les enseignants dans certaines tâches éducatives, comme la correction des devoirs ou l’enseignement de concepts de base, ce qui pourrait diminuer l’interaction humaine et la qualité de l’éducation. Ils redoutent que cette substitution affecte négativement l’apprentissage, le développement de compétences sociales et la capacité des étudiants à penser de manière critique.
Les problèmes éthiques et moraux
23,2 % des professionnels expriment des préoccupations éthiques et morales liées à l’utilisation de l’IA générative. On peut notamment parler de son impact sur l’emploi ou encore de sa conséquence sur l’environnement.
La réglementation
17,8 % soulignent les défis liés à la réglementation de l’IA, avec des préoccupations concernant l’élaboration de politiques adéquates pour encadrer son utilisation. Comment établir des normes claires ? Comment protéger les utilisateurs ? Comment adapter les loi avec une si rapide évolution de la technologie des IA ?
Les biais et discriminations
13,8 % s’inquiètent des biais et des discriminations potentiellement exacerbés par l’IA générative. En effet, les IA génératives ont été programmé par des humain et peuvent donc contenir des biais existants comme des stéréotypes ou des préjugés que l’IA peut ainsi reproduire et même amplifier. De la même façon, il est possible de l’IA générative discriminant certains groupes de personnes par exemple dans le cadre du recrutement. On peut citer l’exemple d’Amazon, qui a découvert que son programme de recrutement, basé sur un système de notation automatisé, pénalisait les candidatures comportant des références aux femmes. Ce logiciel avait été initialement entraîné avec d’anciens CV majoritairement masculins, ce qui a introduit un biais discriminatoire dans le processus de sélection.
L’enquête montre que l’IA générative est globalement bien acceptée dans le monde professionnel, bien que son adoption varie selon les secteurs. Si de nombreux professionnels voient en elle un outil prometteur pour améliorer l’efficacité et l’innovation, d’autres restent prudents face aux défis éthiques, techniques et réglementaires qu’elle pose. Les préoccupations liées à la qualité de l’information, à la confidentialité des données et aux biais discriminatoires soulignent la nécessité de bien maîtriser cet outil et de continuer à surveiller et à réguler cette technologie pour en maximiser les avantages tout en minimisant les risques.
Nous espérons que cet article vous aura été utile. Si le sujet de l’IA vous intéresse, n’hésitez pas à consulter les autres articles de Startups Nation.