A quoi reconnait-on une startup qui a réussi ?
A sa capacité à faire évoluer son business model en plein vol ? A révolutionner son secteur ? A passer d’un marché de niche à un marché de masse ? A sa dernière levée de fond qui a les honneurs du journal les Echos ? A son entrée dans le club très fermé des licornes, ces entreprises valorisées à plus d’un milliard de dollars ? Quand sa marque devient un nom commun ? Comme avec le verbe « googler », utilisé pour indiquer que l’on va faire une recherche sur le moteur de recherche éponyme.
Surement un peu à tous ces attributs mais quand une startup les réunit tous, là vous pouvez êtes sûr que vous êtes face à une véritable success story. C’est le cas de Lydia, l’application mobile qui révolutionne le paiement.
Mais de quoi Lydia est-elle le nom ?
Une application mobile au succès fulgurant
Lancée en 2013, Lydia a tout de suite séduit les étudiants avec son service qui permet de s’envoyer de l’argent entre particulier. Ultra pratique pour rembourser instantanément celui qui a payé l’addition pour toute la table lors d’une sortie au restaurant. Il suffit d’installer l’application sur son téléphone pour envoyer de l’argent à un de ses contacts et non plus à une suite de chiffres figurant sur un RIB. C’est simple, gratuit et rapide. A des années lumières des services proposés par les banques. Le succès a été immédiat, parmi les étudiants notamment.
Très vite, l’application a donné naissance à une expression « Je te fais un Lydia » pour dire « Je t’envoie de l’argent ».
Lydia, c’est également une cagnotte en ligne pour (par exemple) gérer les contributions financières de chacun lors d’un cadeau fait en commun.
Pour la petite histoire, Lydia vient de la Lydie, un royaume d’Asie mineure où apparurent les premières monnaies et dont le nom d’un de ses rois, Crésus, est aujourd’hui synonyme de richesse. L’idée des deux fondateurs (Cyril Chiche et Antoine Porte) était de se distinguer des autres acteurs sur ce marché dont la marque intègre la plupart du temps « Pay » ou « Money ». Ou comment sortir du lot tout en apportant du sens.
Si Lydia a déjà révolutionné le paiement entre particulier avec son application mobile, la startup perd de l’argent sur ses services gratuits.
La quête de rentabilité : diversification et monétisation
En quête de rentabilité, Lydia a alors rapidement su faire évoluer son offre pour devenir une application bancaire à part entière permettant de régler tous ses paiements du quotidien avec un compte courant et une carte bancaire. De plus en plus d’enseignes s’y sont convertis (Franprix, Cdiscount, Undiz). De toute façon Lydia est compatible avec Apple Pay, Google Pay et Samsung Pay.
La diversification des services ne s’arrête pas là. Lydia aujourd’hui, c’est aussi :
- des comptes partagés pour les couples, une colocation ou entre amis pendant des vacances par exemple,
- une offre de micro-crédit (de 100 euros jusqu’à 3000 euros),
- une épargne rémunérée à 0,6 % sur un compte disponible à tout moment,
- du trading permettant d’investir sur les marchés boursiers ou dans les cryptomonnaies à partir de 1 euro.
Pour chacun de ces nouveaux services qui sont venu étoffer l’offre de la startup, Lydia prélève une commission ou facture un abonnement.
Consécration avec une levée de fonds record et le statut de licorne française
Lydia a séduit aujourd’hui 5,5 millions d’utilisateurs et on considère que plus d’un quart des Français âgés de 18 à 30 ans possèdent un compte Lydia.
Forte de sa base installée et de son offre diversifiée, la star des fintech françaises a effectué une levée de fonds de 103 millions de dollars fin 2021. A cette occasion, elle est devenue la 22e licorne française aux côtés de ses aînés Doctolib, Backmarket ou encore Deezer. Parmi les principaux investisseurs présents à son capital, Lydia a réussi à séduire le géant chinois Tencent (déjà propriétaire de la super app WeChat) dont le modèle est proche de celui de Lydia.
Avec plus d’un milliard d’utilisateurs dans le monde, WeChat est à la base une application d’échange entre particuliers (audio, photos, vidéo) à laquelle s’est ajouté des services de paiement, de géolocalisation, de chat, etc.
Un signe de plus sur l’ambition de Lydia de devenir l’interface principale pour tous les services financiers.
La nouvelle ambition de Lydia : instaurer un système de paiement universel sur téléphone
Avec désormais le statut de « super app » financière proposant sur une seule application un bouquet de services pour gérer ses paiements, Lydia n’est pas encore une banque en ligne (elle n’en a ni la licence ni les prérogatives comme celle d’accorder des crédits) même si elle les concurrence déjà.
Le but de Lydia est bien de transformer l’application en « méta-banque », en centralisant en une seule interface l’ensemble de ses comptes et services bancaires.
Pour exister sur ce marché, Lydia entend bien continuer à développer son offre de services mais aussi son portefeuille client avec l’objectif de gérer 10 millions de comptes courants en 2025.
Cette ambition passe par un développement européen. La Fintech est déjà présente en Irlande, au Royaume-Uni, en Espagne et au Portugal (avec des bureaux ouverts dans ces deux derniers pays). Dans sa ligne de mire, l’Italie et l’Allemagne.
Le développement de l’entreprise passe également par la France où Lydia s’implante à Nantes après Lyon et Bordeaux. Ces bureaux en région permettent de diversifier les recrutements en attirant les talents locaux et, à l’inverse, de séduire ceux qui veulent fuir Paris.
Cette phase de croissance devrait permettre à Lydia de passer en 3 ans de 160 salariés à près de 1 000. Au moins, on sait à quoi vont servir les millions de dollars récemment levés.
Aux commandes d’une véritable application disruptive, Lydia est ni plus ni moins en train de révolutionner le marché des banques. Avec désormais les moyens de ses ambitions
Il ne lui manque plus que de réussir son IPO, dans un avenir plus ou moins lointain, pour cocher toutes les cases et faire de Lydia l’exemple parfait d’une startup qui a réussi.
Retrouvez également un précédent article de Startups Nation sur les moyens de paiements :